Les nus sont dessinés à partir de modèles amateurs, qui viennent à l'école des arts de Rueil Malmaison. Les poses de 10 minutes des différents modèles impliquent concentration, rapidité et spontanéité du geste.
L'important est de saisir le mouvement principal du corps. J'essaie désormais de travailler les essais à partir des ombres, le corps du modèle apparait ensuite c'est un instant magique. Tout commence devant ma feuille blanche, le pinceau chargé d’un mélange subtil d’eau et de couleur, je fais quelques essais sur une feuille de brouillon juste pour mesurer si la proportion d’eau et de couleur me convient, j’hésite, je regarde le modèle, j’appréhende les formes, les différentes parties du corps. Je dessine encore et encore ce modèle dans ma tête. Voilà, je me lance, mon pinceau touche la feuille, la couleur se dépose, je ne réfléchi plus, limite, je ne respire plus, tout ce qui m’importe c’est capter les zones d’ombres et de lumières du corps face à moi. Je relève la tête un instant pour regarder ma feuille, un regard rapide et j’ai l’impression que ma feuille se rempli de tâches, je me recule, non le corps est là, je regarde à nouveau le modèle, quelles lignes vais-je pouvoir faire ? Ce que je veux c’est que le regard de l’autre, celui ou celle qui n’aura pas vu le modèle, comprenne ce que j’ai ressenti en dessinant, puisse « lire » le modèle. Et oui, je pense que je commence à comprendre ce que voulait dire le prof avec « vous verrez c’est un modèle très lisible ». J’analyse une dernière fois le modèle face à moi.
- « il vous reste 1 minute » indique le prof, vite une montée d’adrénaline, je me dépêche. L’avantage c’est que le temps presque écoulé me fait aller à l’essentiel.
- « Terminé pause, pour le modèle et les élèves ».
Je me lève et prend du recul pour regarder ma feuille.
C’est certain à la prochaine pose j’observerai encore plus pour saisir l’essentiel...
Le pied mars 2016